le drame

- NOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!

Le cri de Nakht avait déchiré le silence du petit matin. Il se tourna vers le serviteur tout penaud qui tremblait de peur et de tristesse. Alertés par son cri, d'autres serviteurs étaient apparus. Ils voulurent s'approcher du Pharaon qui s'en éloigna et leur hurla aussitôt :

- Sortez !!!!!! Sortez tous !!

Son beau visage était tordu dans une grimace de tristesse et de désespoir. Les serviteurs prirent peur et obéirent, laissant Nakht seul avec son désespoir. Il saisissait des objets tous plus précieux et les lançait contre le mur, les brisants. Il hurlait, il prit même son poignard pour déchirer tout ce qui se trouvait à porter de main. Dans sa folie, il heurta violemment un meuble, ce qui le projeta à terre. Haletant et pleurant, il lâcha son poignard puis s'apaisa. Il était à présent accroupi sur les dalles fraiches de sa chambre. Il essayait de calmer les battements de son coeur et de ne penser à rien. Mais ce fut impossible. Il revit plusieurs fois la scène qui venait de se produire. Il était encore endormi quand on avait frappé à sa porte. Le jeune serviteur avait alors pénétré dans sa chambre et d'une toute petite voix il avait annoncé :

- Majesté, veuillez m'excuser, on m'envoie vous annoncer une bien triste nouvelle.

Nakht s'était immédiatement redressé et avait levé sur le petit homme un regard interrogateur.

- Oui, Majesté, nous pensions que vous préfériez l'apprendre de suite, et qu'il fallait mieux ne pas attendre que vous vous réveillez par vous-m...

- Parle !!

Le teint du petit garçon était devenu écarlate et il se tordait les mains. Lorsqu'il recommença à parler, sa voix tremblait.

- Majesté, c'est Dame Nofret. On l'a retrouvée morte ce matin, Majesté.

Et le Pharaon avait hurlé de douleur et de désespoir. Qu'allait-il devenir maintenant qu'elle n'était plus là ? Il se le demandait à cet instant, agenouillé à terre. Elle venait tout juste d'arriver qu'elle le quittait déjà, pour toujours. Les larmes recommencèrent à affluer. Nakht les essuya d'un geste de la main rageur. Un Pharaon ne pleurait pas. Mais il ne pouvait s'en empêcher. La personne qui lui était le plus chère l'avait abandonné. Il avait encore tellement de choses à lui dire ! A qui se confierait-il à présent ? Qui amerait-il ? Et dire qu'ils ne s'étaient pas vu depuis si longtemps... Leurs retrouvailles avaient été de courte durée. Puis, une question qu'il ne s'était même pas encore posée lui vint à l'esprit : comment était-elle morte ? A présent, plus rien ne comptait d'autre. Nakht se leva brusquement et sortit. Il tomba immédiatement sur un serviteur qui avait du être chargé d'attendre qu'il sorte. Le Pharaon fonça sur lui et lui demanda :

- Mène-moi à sa chambre.

Le serviteur comprit de quoi il parlait et l'y emmena. Devant la chambre où Nakht avait vu pour la dernière fois Nofret, une foule de gens y était agglutinée. Lorsque les personnes rassemblées le virent, le brouha qui régnait auparavant cessa. Nakht se redressa et parla d'une voix autoritaire :

- Est-ce que l'un de vous pourrait me renseigner sur la cause du décès ?

Un homme au visage ridé se tourna vers lui et s'inclina avant de lui répondre :

- Majesté, nous pensons qu'elle a été empoisonnée.

Nakht palit. Il déglutit avec peine et se précipita dans la chambre. Le corps de Nofret reposait sur le lit. Si elle n'était pas aussi pale, on aurait pu croire qu'elle dormait. Nakht s'approcha d'elle et prit ses mains glacées dans les siennes.

- Qui souhaitait te voir morte ?

Malheureusement, le Pharaon avait sa petite idée. Il ne connaissait pas le nom de cette personne mais il savait que quelqu'un détestait sa famille. Mais Nofret avait toujours été agréable et ne s'était jamais fait d'ennemi. Une pensée lui traversa l'esprit : et si le meurtrier avait raté sa cible ? Oui, c'était cela, on voulait le tuer lui.

Lorsque Nakht ressortit de la chambre, on voyait qu'il avait pleuré, bien que personne ne le fit remarquer, et il était encore plus pale qu'auparavant. Il ordonna qu'on le laisse seul. Il s'exila dans une pièce et refusa de manger. Oui, la nourriture devait être empoisonnée, pensa-t-il.

Deux jours étaient passés depuis cet événement funeste, et Nakht refusait toujours de manger. Il semblait que le Grand Pharaon plongeait dans une grande crise de paranoïa. Les serviteurs insitèrent alors pour qu'il mange et boit. Ils firent alors goûté la nourriture à plusieurs personnes devant les yeux de Nakht qui se décida tout de même à se nourrir. Mais sa méfiance ne s'était toujours pas apaisée, et la perte de Nofret l'affectait énormément. Il avait envoyé son corps aux embaumeurs et avait déjà préparé la fête funèbre.

Le peuple au dehors, semblait partager la tristesse de leur Pharaon. Mais il s'inquiètait surtout de sa santé. Oui, certains allaient même jusqu'à raconter qu'il était devenu fou. Mais les plus loyaux les rappelaient à l'ordre et décrétaient que la folie ne pouvait pas atteindre un dieu tel que Nakht IV. Ce fut ces rumeurs qui décidèrent Nakht de parler au peuple. Il le fit et se montra splendide. Dans son discours, il rassurait les égyptiens. Lui ne fut pas pour autant rassuré. Il aurait aimer organiser une enquête publique, mais il savait que le meurtrier se montrerait encore plus introuvable. Il devait agir lui-même. Mais il ne pouvait pas sortir du palais. Il lui fallait de l'aide. Une personne de confiance... Il réfléchit et trouva : Neith.il allait lui demander de l'aide !! Cette persepective remonta le moral au pharaon. Il lui écrivit un mot sur un parchemin : " Rendez-vous demain soir aux environs du Nil, près de la maison blanche"
C'était l'endroit le plus désert qu'il connaissait. Il voulut signer "Nakht" mais se résigna : et si quelqu'un interceptait la lettre ? Il devait alors se baser sur la confiance de Neith. Il croisa les doigts et fit donner la lettre.